Bien que rangé des tracteurs depuis peu, je ne peux m’empêcher de regarder les manifestations agricoles actuelles avec un regard critique.
Certaines revendications sont largement légitimes :
- la simplification de certaines formalités administratives (dont les pages internet et formulaires jargonnants décourageraient n’importe quel quidam)
- les accords de libre échange avec des pays lointains sans contraintes sociales ni environnementales
- la garantie d’un revenu agricole minimal pour des gens qui travaillent beaucoup (trop)
- le respect de la loi EGALIM (où sont les 20% de produits bio théoriquement obligatoire dans la restauration scolaire ?)
Mais d’autres demandes de la FNSEA et JA sont, pour moi, totalement inacceptables.
Faut il considérer que le glyphosate, produit cancérigène et perturbateur endocrinien, doit continuer à empoisonner les sols, les eaux et les gens tant que la recherche n’a pas trouvé de molécule de remplacement ? Quelle blague et quel scandale d’État ! Toute chimie qui tue la microfaune ou les micro-organismes nous menace aussi car nous sommes faits des mêmes bases cellulaires.
Faut-il creuser des méga-bassines pour permettre à quelques privilégiés d’arroser de gourmands maïs quand l’eau manque pour les milieux naturels et les usages domestiques indispensables ?
Faut-il continuer à rendre certains gros et riches exploitants encore plus gros et plus riches à coup de subventions généreuses tandis qu’une part importante des paysans vit en dessous du seuil de pauvreté ?
Faut-il soutenir des ferme usines, une dépendance massive au pétrole, des labours profonds tout en ignorant les effets sur les milieux (algues vertes, gaz à effet de serre, érosion, disparition de la biodiversité) ?
On aimerait que la FNSEA qui pilote le ministère de l’agriculture depuis des lustres tire un bilan critique de sa stratégie agricole au lieu de jouer les victimes !
On aimerait comprendre, tout en intégrant leur réelles difficultés, comment tant d’agriculteurs continuent de voter pour ce syndicat qui les conduit droit dans le mur, et le mur se rapproche tous les jours.
à suivre…
Communiqué de presse de la confédération paysanne des côtes d’Armor
Au delà de la colère, la Confédération paysanne propose des solutions pour défendre les paysannes et paysans. Et en plus, elle gagne !
Comment ne pas comprendre les mobilisations d’agriculteur-ice-s en France et en Europe comme le symptôme d’une crise profonde d’un modèle agricole se heurtant à ses contradictions et aboutissant à une remise en cause de la rémunération et de la reconnaissance des paysanne et des paysans ?
Les paysannes et paysans dans le modèle agricole alternatif que nous défendons ne sont pas épargnés par cette crise du revenu et à la Conf’22 nous avons déjà collectivement exprimé notre colère ces derniers mois sur plusieurs sujets : MAEC, promesses non tenues suite à la tempête Ciaran, manque de soutien aux filières bio, difficultés de l’élevage plein air…
Nous souhaitons collectivement apporter de véritables solutions de fond au malaise agricole. Nous demandons donc d’urgence une loi interdisant tout prix agricole en-dessous de nos prix de revient et la fin immédiate des négociations d’accord de libre-échange.
Les gouvernements successifs et la FNSEA ont mené conjointement l’agriculture dans l’impasse actuelle d’un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur. Nous alerterons nos collègues sur le mirage de la « suppression des normes » et celui du « complément de revenu » par la production d’énergies.
Certes, une simplification administrative peut être nécessaire car bon nombre de procédures administratives et de normes sanitaires sont inadaptées à la réalité de nos fermes comme par exemple les normes de biosécurité plus adaptées à des élevages industriels qu’à des fermes à taille humaine. Mais ne nous trompons pas de cible. La demande de la majorité des agriculteurs et agricultrices qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux.
Ce n’est pas, comme le font les dirigeant-e-s de la FNSEA, en demandant à pouvoir détruire des haies, en instrumentalisant le sujet des jachères au profit des céréaliers intensifs, en éludant la question du partage équitable des terres et de l’eau, en négociant des avantages pour la production d’agrocarburants ou de méthane, que nous résoudrons en profondeur les problématiques de notre métier de paysan-e, producteur d’alimentation pour nos concitoyen·nes.
Ce n’est pas en opposant agriculture et écologie comme le fait la Coordination Rurale qui récupère les colères et frustrations de collègues que nous ferons progresser les revenus des paysannes et paysans.
Notre syndicat défend des propositions concrètes pour sortir de ce modèle qui fait disparaître progressivement les paysannes et paysans :
– l’instauration de prix garantis pour les produits agricoles
– la mise en place d’un prix minimum d’entrée pour les importations agricoles arrivant sur le territoire national.
– la priorité à l’installation face à l’agrandissement.
– l’arrêt de l’artificialisation des terres agricoles.
– l’accompagnement des changements de pratiques agroécologiques par un financement à hauteur des enjeux.
Sur ce dernier point, notre syndicat, , peut se féliciter d’une victoire sur le dossier des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) par l’action collective dans la durée des paysannes et des paysans mobilisés . Commune avec la FRAB, la FRCIVAM, Eaux et Rivières de Bretagne et la Fédération des Races Locale, cette victoire s’inscrit dans un contexte agricole douloureux et complexe. Elle montre que l’action collective paie !
La Confédération paysanne des Côtes d’Armor continuera à être mobilisée pour le revenu paysan et la reconnaissance de notre métier.
Nous continuerons à être force de propositions pour réorienter durablement les politiques agricoles pour des paysannes et paysans nombreux dans nos campagnes vivantes.
Nous pouvons nous targuer de nos victoires, nous féliciter de nos combats récents, pacifiques, respectueux et légitimes, contrairement à une colère exprimé par nos collègues de manière outrancière.
Nous devons continuer à exprimer nos solutions, à montrer une autre voie, une autre porte de sortie de ce rond point sur lequel la FNSEA et les JA nous font tourner en rond depuis tant d’années.Nous gagnons et nous gagnerons encore.
Contacts :
– Goulven Le Troadec, co porte-parole de la confédération paysanne 22 : 06 15 32 54 60
– Dominique Madec, co porte-parole de la confédération paysanne 22 : 06 87 85 88 52